L’incendie le plus important de l’année en France n’est toujours pas maîtrisé ce jeudi 19 août. Vu du ciel, les dégâts causés par ces feux de forêts sont déjà visibles.
Depuis trois jours, le Var vit au rythme des feux de forêts qui ravagent l’arrière pays du Golfe de Saint-Tropez. Parti de la commune de Gonfaron, lundi vers 17h45, le feu a parcouru 8100 hectares en moins de 72h selon la Préfecture du Var. « La réserve naturelle de la plaine des Maures a été dévastée pour moitié » estimait mercredi la directrice adjointe de l’Office français de la biodiversité, Concha Agero.
Vu du ciel, les dégâts sont impressionnants. Grâce aux satellites européens Sentinel, il est possible de comparer l’état de cette région avant et après l’incendie. Faites glisser le curseur bleu au milieu de l’image pour visualiser l’impact des flammes.
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« Sautes de feu »
En quelques heures, elles parcourent une vingtaine de kilomètres. Une distance colossale. « La vitesse de propagation a atteint jusqu’à 8 km/h, c’est la vitesse d’un homme qui court dans les bois ! », insistent les porte-parole des pompiers. Des rafales de vent à 80 km/h, un air extrêmement sec, un thermomètre à 37 °C après quatre jours de canicule : tous les ingrédients sont réunis pour favoriser cet incendie.
Il se révèle particulièrement imprévisible, avec des « sautes de feu » de 400, 600, 800 mètres. Les poches de terrain épargnées lors du premier passage des flammes peuvent se mettre, à leur tour, à brûler lorsque le vent change de direction.
Par son ampleur et sa gravité, cet incendie rappelle celui de 2003, qui avait emprunté la même route à travers le massif des Maures, et ne s’était arrêté qu’une fois arrivé au bord de la mer. Sur l’ensemble de la saison, 20 000 hectares avaient été détruits.
Pour la grande majorité des vacanciers et des habitants ayant été évacués, l’heure n’est pas encore au retour à la tente ou à la maison. A Bormes-les-Mimosas, mercredi après-midi, des centaines de lits de camp sont toujours dépliés dans l’un des gymnases de la ville.
Des incertitudes
Les largages de trois avions bombardiers d’eau devraient “avoir une action déterminante sur ces reprises” et les pompiers tablent sur le fait que “le vent s’arrête à la tombée de la nuit”. En parallèle, les 1200 personnels vont continuer “les actions au sol” pour noyer les lisières de feu, qui représentent 80 kilomètres selon la préfecture.
Selon le dernier communiqué de la préfecture, l’extrême sud de la zone touchée par l’incendie serait “tenu”, mais le nord-est, entre Vidauban et Le Cannet-des-Maures, où se situe l’essentiel des reprises, toujours très sensible.
“La situation reste encore très instable sur le nord de la zone ce qui nous incite à garder une vigilance extrême”, a indiqué sur BFMTV le préfet du Var, Evence Richard.
Des dégâts conséquents sur l’environnement
Selon le dernier communiqué de la préfecture, l’extrême sud de la zone touchée par l’incendie serait « tenu », mais le nord-est, entre Vidauban et Le Cannet-des-Maures, où se situe l’essentiel des reprises, toujours très sensible. Pour en savoir plus sur le parcours des flammes, vous pouvez consulter notre carte.
Le feu, qui a causé la mort d’au moins deux personnes, ravage également la biodiversité locale. En plus de forêts de chênes lièges, la plaine des Maures compte 241 espèces protégées, dont la tortue d’Hermann, une espèce très rare. Sur les 500 espèces de plantes recensées, 39 sont aussi protégées.
De nombreux vignobles ont également été endommagés par les flammes. Selon le décompte le plus récent des autorités, le feu a parcouru plus de 8000 hectares.
« On se demande si on va rentrer demain »
Dès lundi soir, les habitants et les vacanciers évacués ont été accueillis dans la salle Beausoleil et le complexe sportif de Grimaud. 500 personnes y ont trouvé refuge, certains accompagnés de leurs animaux de compagnie.
Dans le village, la solidarité s’est rapidement mise en place. Une douzaine de bénévoles se relayent depuis deux nuits pour accueillir les naufragés de l’incendie. « Ce matin, un primeur est venu de Draguignan pour livrer des fruits », explique Guillaume Lelard, responsable du pôle événementiel et animation à l’office de tourisme.
Mais l’incertitude demeure pour les personnes délogées : l’accès au camping et aux habitations touchées par les flammes est encore limité. « On se demande si on va rentrer demain, souffle une touriste liloise, après deux nuits passées sur un lit de camp. Pour l’instant on est dans le flou total. »
Certains touristes ont déjà décidé de rentrer chez eux ou sont partis se loger ailleurs. Pour la deuxième nuit, 240 personnes ont dormi dans les deux salles ouvertes par la commune.
Un retour difficilement envisageable
Pauline vient depuis son enfance à Grimaud. Avec son mari, ils sont propriétaires de leur maison. « C’est assez stressant de se dire qu’on peut tout perdre ici. On a beaucoup d’affaires personnelles, on en a mis le maximum dans la voiture et depuis, elles y sont encore. » Si la jeune femme se dit prête à repartir, l’incendie s’est pour le moment éloigné de son logement.
Mais il faut rester prudent, le mistral tourne très rapidement et pour le moment il n’est pas envisageable de rentrer à Auray : « On est censé partir dimanche mais la plupart des routes sont fermées. C’est quasiment impossible de partir d’ici, il faut traverser les flammes pour pouvoir s’en aller. »